
Focus Mini – Yann Whyp
Yann PELLOIS alias Why P.
Freediving Bubble Art

Il est plongeur depuis 2008 et apnéiste plus récemment, il fait de véritables photos époustouflantes en jouant avec les bulles et les couleurs.
Il aime le milieu marin et tout l’art qui s’en dégage, Yann Pellois signe ses photos sous le nom de Why P. pour la phonétique anglaise de ses initiales.
On ne manquera pas de se rendre sur sa page Instagram «whyp_apnea_freediving » qui est un véritable bijou où il maitrise à ravir la mise en scène.
Artiste émérite en devenir, il visait une carrière dans la préservation de la biodiversité. Finalement il a fait le choix de la sublimer. Basé en Martinique depuis 2019, Why P. a plusieurs cordes à son arc mais nous avons parlé avec lui de ses photos subaquatiques plus particulièrement, activité qu’il pratique le plus souvent auprès de l’association “One Breath Martinique” qui assure sa sécurité et lui permet de se concentrer seulement sur ses modèles.
Échanger avec l’artiste est un régal.
Il explique avec calme et sérénité ses passions réunies pour le plus grand plaisir de nos yeux. Yann est un artiste humaniste et humble. Il préfère parler de « Personnal Best » comme disent les plongeurs plutôt que de records personnels. Il nous dévoile cette perception intérieure et extérieure de cette immensité qu’il shoote avec talent ainsi que la préparation physique que revêt son art sans oublier l’interminable traitement post shooting.
Un premier tri qui lui permet de supprimer pas loin d’un tiers des photos flous, doublés, ratés… avant de prendre le temps d’un second regard plus affiné sur les clichés restants pour déceler en eux un véritable potentiel. C’est alors que le photographe plongeur laisse place à l’œil de l’artiste pour la création de petits bijoux et « mettre en exergue une partie de la photo ou au contraire minimiser un autre défaut », jouer minutieusement sur les textures ou les tonalités à l’aide d’un logiciel qu’il a dompté pour parfaire son travail d’artiste. Inspiré par le peintre Soulage pour jouer avec le noir, par la créatrice Sonia Rykiel pour jouer avec un algorithme de couleurs ou par des Instagrammeurs de talent, Yann apporte sa patte sur des inspirations venues d’ailleurs.

Quand on découvre le travail de l’artiste, on ne peut que s’arrêter, regarder, profiter des émotions que nous provoquent ses clichés envoutants et tellement gracieux. Le silence nous envahit par la sérénité de ses photos. Notre respiration ralentit. Ca y est, l’artiste a réussi. Il nous a séduit.
Venez flirter avec les vagues de son profil et prenez le temps, ne serait-ce qu’un instant de ressentir tout l’apaisement de ses clichés. Un artiste qui vaut vraiment la peine de virer de bord !
Galerie Photo
PassCard One Shoot :
Nom : Yann Whyp
MAIL: whypapnea@gmail.com
Insta : @whyp_apnea_freediving
Interview
1/ Depuis quand pratiquez-vous la plongée en apnée ?
J’ai débuté la plongée en apnée lors d’un séjour en Thaïlande sur l’île de Kotau. C’est une petite île qui est dédiée à la plongée sous-marine où les fonds sont juste magnifiques, l’eau est cristalline. Avant de prendre l’avion, sachant que je n’allais plus plonger, j’ai opté pour un stage de deux jours : un stage d’apnée. Immédiatement j’ai compris que j’avais la piqûre, c’est ce que j’aimais faire étant enfant quand je voyais « le Grand Bleu ». J’avais là le champ des possibilités, je n’étais jamais descendu aussi profond, 15 mètres. Je me suis dit : « dès que tu rentres sur Paris, tu recommences». Malheureusement les clubs parisiens étaient tous complets au point que la plus part du temps il faut être coopté par une personne qui est déjà présente dans le club pour pouvoir avoir une place.
J’ai attendu mon arrivée en Martinique, courant 2019, pour pouvoir commencer l’apnée de façon sérieuse et régulière. Il m’a fallu 6 mois pour trouver la bonne association et le bon club pour se sentir en sécurité parce que c’est l’une des choses qui est primordiale pour avoir un lâchez-prise de façon sécurisée, sans quoi on ne peut pas avoir ce relâchement et ce n’est pas plaisant du tout au final.
L’apnée, c’est une grosse passion qui a débutée en 2018 et qui se poursuit depuis, et c’est juste génial.
2/ Quelles sont vos records de plongée en apnée ?
Pour ma part je ne vais pas parler de record mais je vais plutôt utiliser les termes qu’on a entre nous qui sont les « PB », les Personnel Best. J’ai pu m’exercer sur trois disciplines depuis mon arrivée en Martinique qui sont le statique : on est face dans l’eau et on oublie qu’on doit respirer. A ce jeu de mental qui est entre l’envie de respirer et l’envie de continuer cet exercice, j’arrive à tenir 4’45 minutes. C’est une donnée importante pour les autres disciplines qui sont en descente. Le poids constant : on descend à la force des palmes avec un certain lestage et on remonte avec ce même lestage, ce même poids autour de nous à la force des palmes. Sur cette discipline propre, j’arrive à descendre à 48m. La dernière discipline, c’est ce qu’on appelle le « free immersion », l’immersion libre, et là on ne va plus du tout utiliser les jambes mais juste les bras. On va descendre à la force des bras le long d’un boot, une corde où il y a un leste tout au bout, et on remonte de la même manière avec les bras sans jamais utiliser les jambes. Et sur cette discipline, j’arrive à descendre à 51m.
3/ Pratiquez-vous également la plongée en bouteille ?
Je pratique également la plongée bouteille, c’est ce qui m’a permis d’arriver à l’apnée et je ne l’oublie pas. Ca permet plusieurs choses pour aider à l’apnée : typiquement le travail de l’équilibrage des oreilles qui est vraiment une partie très importante en apnée comme en bouteille mais avec une réserve d’air dans son dos il est plus facile de se tester sur des méthodes : qu’est-ce qui fonctionne, qu’est-ce qui fonctionne moins bien. Pour moi c’est vraiment un complément.
Pour la photo je dois bien avouer qu’on a plus le temps de faire des réglages, de tester, de vérifier ce qu’on a pris : est-ce que c’est la bonne luminosité, la bonne position, est-ce que c’est le bon angle ? Il y a plus de facilité à s’exercer en bouteille. Par contre je préfère de loin la liberté de l’apnée pour les mouvements et pour plein de choses comme ne plus avoir de bruit ou se sentir en apesanteur.
4/ Quelles sensations, émotions ressentez-vous dans cette activité de plongée en apnée ?
Il faut bien comprendre qu’il y a deux types d’apnée à mon sens. Il y a d’une part l’apnée d’exploration où on va essayer de s’inviter dans un milieu qui n’est pas le nôtre à la base et on va essayer de se comporter un petit peu comme des poissons. On va aller explorer des roches, on va aller voir une faille ou on va aller observer une murène qui est cachée. On va vraiment être beaucoup plus sur l’écoute de l’extérieur et on va s’oublier un petit peu, si ce n’est cette sensation de vouloir remonter pour reprendre de l’air. On va vraiment être beaucoup plus sur l’extérieur. D’autre part il y a l’apnée de compétition. J’appelle ça comme ça mais c’est plus où l’on cherche son ‘’PB’’. Là on va être beaucoup plus sur l’écoute de notre corps parce qu’il se passe énormément de choses à l’intérieur. Il faut comprendre qu’à chaque fois quand on descend, les volumes d’air diminuent avec la profondeur et les poumons se compriment, pour ne citer qu’eux alors qu’il y a d’autres organes avec de l’air. De ce fait ça laisse beaucoup plus de place à d’autres organes. Lorsqu’on descend, on arrive à sentir ce déplacement, cette compression au niveau des poumons. J’ai du mal à expliquer comment ça se passe mais à la remontée, les poumons reprennent leur place et on a le sentiment que tout se remet en place, qu’on est neuf. A la première respiration, on dit souvent, ce qui est partagé par beaucoup d’apnéistes, qu’on a l’impression de renaître et c’est vraiment pas juste une idée, c’est vraiment une sensation. Quand on arrive à la bouée et qu’on reprend sa respiration on a l’impression qu’on est neuf de l’intérieur et ça c’est quelque chose d’assez magique, voilà le mot est lacé : « magique » ! (rire)
5/ Qu’est-ce qui vous a conduit à la photographie et pourquoi la photo subaquatique spécifiquement ?
J’ai commencé la photo avec un ami lors de mes études. On partageait cette passion et on se se lançait des petits défis sur différentes choses à photographier. On avait même trouvé un site qui faisait des petits concours mais malheureusement mon appareil est tombé en panne. Je m’étais dit que j’allais le faire réparer mais j’ai laissé un peu le temps passer et la vie active a enchainé avec les études. J’avoue que j’ai mis complètement de côté cette partie photo. J’ai fait d’autres découvertes artistiques : le modelage, la sculpture, ce genre de choses. Je pensais toujours à la photo mais vu que je n’avais plus d’appareil, je mettais ça de côté. L’apnée est arrivée, nouvelle passion, et je m’y suis consacré de façon importante. J’ai voulu immortaliser certaines choses et la photo a commencé à faire sens, il y a une petite graine qui a germée et je me suis dit qu’il fallait vraiment que je relie ces deux passions parce que j’avais énormément plaisir à photographier et à immortaliser certains moments. Pourquoi ne pas allier les deux ? J’ai pris des renseignements auprès de personnes qui faisaient de la photo sur le matériel à acheter et je me suis lancé. On m’a guidé sur mes premiers pas, d’ailleurs je remercie toutes ces personnes. C’est comme ça que j’ai commencé cette aventure de photos en apnée.
6/ Qui sont les personnes qui vous inspire dans votre travail artistique et pourquoi ?
Les personnes qui m’inspirent de façon artistique vont être très diverses. Il va y avoir des peintres qui ont une particularité, où il y a une reconnaissance, je pense à Soulage. C’est pour ça que j’ai travaillé beaucoup de photos où j’ai essayé de mettre le plus de noir possible et en jouant juste un petit peu sur les dégradés, les textures, ce genre de choses : pour essayer non pas de copier mais justement de m’inspirer de son travail. Il va y avoir des créateurs de mode qui ont des motifs particuliers qui sont aussi reconnus et qui me permettent de pouvoir jouer, qui m’orientent sur le travail et sur le choix des couleurs, des tonalités pour faire quelque chose de cohérent et qui encore une fois, ressemble un petit peu leur travail. Il va y avoir d’autres personnes sur Instagram qui proposent des choses et qui sont justes à mon sens magnifiques. Je leur indique vraiment cette sensation qu’ils m’ont donné car je pense que la vraie réussite d’une photo c’est quand on a un retour honnête et que l’on voit que notre travail a plu. Pour ma part c’est ce qui me fait continuer et qui me donne du plaisir : le retour des personnes. Sans vouloir copier leur travail, parce qu’il n’y a aucun intérêt à ça, c’est plus m’inspirer, comprendre comment ils ont fait leur photo et me dire que moi si je devais l’améliorer, si je voulais mettre ma patte, je ferai de telle ou de telle manière. Ca oriente mes prochaines photos et ça me plait de ne pas me cantonner à un type de personne donné pour m’inspirer mais essayer d’ouvrir l’éventail au maximum ; m’inspirer de tout ce qui m’entoure et de toutes les personnes que je peux rencontrer autour de la photo ou pas.
7/ Quel message artistique se cache dans vos photos ?
Je ne pense pas avoir de message caché dans chacune de mes photos ou un message commun pour l’intégralité de mon travail. Je sais quels sont mes objectifs. Mon envie en tout cas lorsque je traite une photo, c’est de la sublimer, qu’elle ait un potentiel présent. Il faut qu’elle ait un intérêt et mon but c’est de jouer sur les couleurs en mettant en valeur certaines parties de la photo ou son intégralité en jouant sur les flous, sur la texture. L’objectif final serait que la personne qui passe devant la photo, admettons un affichage, ma réussite serait qu’elle s’arrête, qu’elle prenne un moment de sa vie pour pouvoir apprécier mon travail et qu’elle en prenne conscience, quelle se dise : « bah tiens j’étais pressé et je suis passé, je me suis arrêté un moment pour me poser devant et pour profiter de cette œuvre », si j’ose appeler ça une œuvre. Si je voyais ça, je saurais que j’ai vraiment réussi et je pense que c’est vraiment mon objectif final.
8/ Quelles sont les étapes pour réaliser de pareilles photos ?
La première étape va être le placement donc pour ça il est nécessaire d’avoir du souffle et de prendre en considération le soleil, de prendre en considération les éléments que l’on peut avoir autour de nous. Ça peut être un bateau pas très loin avec sa chaîne qui rentre dans l’eau, différents éléments ou animaux qui nous entourent parce que parfois les poissons sont curieux de voir une personne descendre et remonter. Tout ça est à prendre en compte. C’est ce que j’appelle la prise de vue. Après il va y avoir le déclenchement, savoir quel est l’angle que je veux donner à la photo. J’aime bien jouer parfois en mettant l’appareil photo le long du boot et voir la main qui va attraper ce boot et la personne le long du câble. Il va y avoir ensuite le travail d’analyse des photos où je fais un premier tri. Sur deux heures de sortie apnée on peut compter environ 600 photos. J’en jette 200 parce que j’ai doublé les photos ou parce que certaines sont floues. Parfois il y a trop de particules ou d’autres choses encore. On supprime donc environ 200 photos et les 400 restantes je vais les envoyer aux autres personnes qui ont été présentes pendant la séance pour les remercier d’avoir joué le jeu et d’avoir accepté ma présence qui a pu les perturber, même si c’est ce que je cherche à minimiser, mais surtout pour qu’ils aient un souvenir de leur sortie et qu’il puisse partager s’ils le souhaitent avec leur entourage. Avec ces 400 photos je fais un second tri et je ne garde que celles qui pour moi ont un vrai potentiel, celles où il y a quelque chose à travailler, à vérifier, à tester. Je vais donc en retirer encore 50, 60, 80. Au fur et à mesure que j’apprends la photo j’ai de plus en plus de photos que j’ai envie de traiter. Il y a une amélioration et c’est assez plaisant.
Je commence ensuite le travail sur un logiciel qui permet de filtrer, de tester, d’améliorer la photo et c’est là où vraiment le travail créatif entre en compte. C’est là où on peut passer des heures et des heures sans s’en rendre compte parce qu’on veut telle ou telle chose à tel ou tel endroit, on veut mettre en exergue une partie de la photo ou au contraire minimiser un autre défaut. Pour ce genre de choses on fait un million de tests. On arrive à une photo qui nous plait, que l’on a envie de partager, de diffuser sur les réseaux et de la proposer à nouveau aux personnes qui encore une fois étaient présentes.
9/ Est-ce que vous travaillez seul et uniquement pour votre propre compte ?
Actuellement je travaille seul même si on doit compter bien évidemment les modèles. J’ai des aides extérieures, typiquement Stéphane Barrin qui m’a beaucoup aidé au début sur les prises de vues, sur le retraitement, sur l’explication du logiciel. Mais pour cette activité je reste néanmoins seul et je suis à mon propre compte.
10/ Qu’est-ce que vous affectionnez dans le travail des bulles ?
J’ai eu au début une période « bulles » et parfois quand j’en trouve des belles, ça me donne envie de les photographier. Pourquoi cette envie et cette micro passion ? Parce qu’on ne sait jamais trop à quoi s’attendre : quel va être le rendu ? Est-ce qu’on va voir le reflet d’une personne dedans ? Est-ce qu’on va voir le soleil ? C’est parfois juste magnifique, on a des résultats, c’est un peu une surprise. On va prendre la photo, on a une idée mais on ne sait pas trop, et c’est au moment du traitement en relevant des couleurs, des tonalités, ce genre de choses que l’on arrive à trouver une pépite et vraiment c’est une surprise et c’est ça qui me plait : cette découverte au moment de l’édition.
11/ Vous travaillez autant le bleu que le noir et blanc que le sépia ou la couleur, qu’est-ce qui vous plaît le plus et pourquoi ?
J’adore travailler les différentes couleurs, c’est quelque chose qui m’a pris un peu de passion quand j’ai fait ces travaux sur l’arc-en-ciel et sur Sonia Rykiel.
J’aime beaucoup le sépia, ce côté un petit peu vintage, un peu vieilli de la photo, c’est quelque chose qui met un peu d’émotion et qui plait beaucoup.
Si je devais choisir, ça serait plutôt le noir et blanc voir le noir et noir et depuis peu le blanc et blanc, parce qu’avec des photos un peu monochromes, on est obligé de jouer sur les textures, sur l’éclairage, sur plein de petits paramètres qui permettent de mettre en valeur la photo bien qu’il n’y ait que deux couleurs voire une seule couleur définie dans la photo. C’est un travail de minutie que j’affectionne énormément.
12/ Pensez-vous qu’il y ait des formats de photos qui ne peuvent être sublimés que dans une certaine tonalité ?
De par mon expérience, j’hésite parfois entre deux ou trois tonalités pour une photo. J’essaye d’oublier les précédentes et de repartir sur une photo vierge, sur une autre idée pour faire mon choix entre deux photos en fonction de ce qui me plait, du rendu que je perçois. Dire qu’une photo ne pourrait pas être traitée sous certaines tonalités, je ne saurais pas le dire, je n’ai pas encore ce retour d’expérience assez important pour avoir un avis défini. Cependant je sais que pour une photo donnée, parfois je peux hésiter avec trois ou quatre versions et j’essaye encore une fois de l’améliorer. Je vois si ça fait vraiment la différence avec les autres versions que j’avais pu faire précédemment et c’est comme ça que je choisi.
13/ Le visuel sur votre page Instagram est maîtrisé. Vous cherchez en permanence à le faire évoluer. Aussi vous vous êtes inspiré de la « patte » de la créatrice Sonia Rykiel. Pourquoi ce choix ? Le savait-elle ? Le sait-elle aujourd’hui ? Avez-vous eu des retours de sa part ?
Instagram est actuellement mon seul moyen de communication, de diffusion. J’y passe un temps important et j’essaye d’y faire des choses nouvelles. J’ai commencé par le projet arc-en-ciel. Quand on regarde un profil Instagram, il y a toujours 3 photos sur une même ligne et il m’est venue l’idée de faire les couleurs de l’arc-en-ciel avec différentes photos en jouant sur les tonalités. Ce travail de rayures m’a fait tout de suite penser à une créatrice : Sonia Rykiel qui est reconnue à travers le monde entier pour ses rayures. C’est comme ça qu’est née l’idée et je me suis dit que j’allais utiliser son motif de référence. J’ai fait le même travail en faisant des photos et en les publiant toujours par série de 3 pour faire une ligne cohérente. C’est donc le travail qui a été réalisé, ce qui représente environ 60 photos parce qu’il y avait quand même pas mal de lignes pour reproduire ce motif.
Malheureusement je n’ai pas eu de retour de Sonia Rykiel, pas encore du moins, elle n’a pas été prévenue parce que ça a été un travail spontané même si ça a été long à mettre en œuvre. Je me suis lancé dedans et je n’ai pas pu avoir un retour de sa part.
14/ Plusieurs de vos photos perturbent pas la couleur et l’effet de matière obtenu. On s’interroge à savoir si c’est de la peinture ou une photo. Aimez-vous nous perdre pour mieux nous provoquer ?
J’adore jouer avec les couleurs. Au début j’étais plus sur un travail de noir et blanc et puis j’ai commencé à vouloir jouer avec les couleurs. Je ne sais pas ce qui a été l’élément déclencheur. J’ai retiré certaines couleurs et j’en ai accentué d’autres. C’est devenu un vrai jeu. J’aime jouer sur cet effet de matière. On va s’interroger : est-ce que c’est une photo ou une peinture ? J’ai eu quelques réussites sur certains clichés, j’étais plutôt satisfait. J’aime perdre les gens, qu’ils prennent le temps : qu’ils voient une photo et qu’ils s’arrêtent un petit peu dessus, qu’ils bloquent. Qu’ils se disent : où est-ce que je suis, qu’est-ce que je regarde ? J’ai envie que ça interpelle les gens. Quand j’arrive à avoir ce type de résultat, je suis vraiment content parce que c’était le but recherché.
15/ Que voulez-vous provoquer en celui qui regarde votre travail ?
Mon intention c’est de lui faire prendre une pause et après c’est à lui de voir ce qu’il a envie de voir. Peut-être qu’on aura le même message, peut-être qu’il en aura un autre et c’est justement ça qui me plait. C’est cette interprétation que j’ai envie de laisser aux gens. J’ai envie qu’ils s’arrêtent devant. Ca peut être une fraction de seconde, une seconde, une minute, peut m’importe. C’est juste le moment où ils s’arrêtent devant la photo.
16/ Quelle définition donnez-vous de l’art ?
Pour ma part, l’art n’a pas vraiment de définition parce qu’il est propre à chacun. Pour moi, ce que je définis comme de l’art, c’est quelque chose qui va m’interpeler, me faire prendre une pause pour pouvoir l’observer, l’apprécier à sa juste valeur – à la valeur que je lui confère du moins – et juste prendre conscience que je prends du temps pour observer quelque chose. Ca peut être dans la nature, la création d’une personne, une scène… c’est très vaste, je n’ai pas une définition bornée parce que pour moi l’art est sans limite.
17/ Comment souhaitez-vous faire évoluer votre travail ?
Dans un avenir plus ou moins proche, je cherche à acquérir un maximum de technicité. Tant dans la prise de photos que dans son traitement. J’ai pas mal d’idées mais pour le moment techniquement je ne sais pas encore comment les réaliser. Je suis un petit peu en mode laboratoire actuellement : je cherche, je fais des tests, je propose à des personnes qui me répondent de façon honnête si ça leur parle ou pas, si je suis sur la bonne voie.
J’ai envie de dire pour les année à venir : plus de couleurs. J’ai beaucoup d’idées par rapport à ça. Après c’est une question d’inspiration, de rencontres aussi. J’ai rencontré pas mal de personnes qui sont sur ces mêmes idées, ces mêmes envies. On apprend énormément de son entourage et des rencontres que l’on fait. J’espère que l’avenir sera avec plein de rencontres, de personnes qui ont cette même passion. J’espère qu’on pourra peut-être faire un travail commun ou se proposer des idées. Encore une fois du partage, du partage, du partage.
18/ Où est-il possible de trouver votre travail ?
Instagram reste ma première possibilité de diffusion photo. On peut aussi trouver mon travail dans un club de plongée qui vient de se créer. Ils m’ont demandé de faire plusieurs clichés par rapport à leurs différentes activités, ce que j’ai fait avec plaisir. Il y a des affichages qui seront mis prochainement sur les murs de leurs locaux. On peut aussi trouver mon travail sur certains sites internet liés à la plongée par rapport à du matériel de plongée. Le côté artistique est bien moins développé, c’est plus dans une optique de vendre des produits, une mise en valeur des produits, mais ça reste des photos que j’ai pu faire et avec un objectif bien précis.
19/ Quelle est votre actualité ?
L’actualité du moment a été très ralenti par le fait qu’il n’était plus possible d’aller dans l’eau, donc pas de nouvelles prises de vues, de nouveaux clichés. J’ai utilisé des précédents clichés pour les retravailler, essayer de faire des tests pour travailler sur certaines couleurs un peu patchwork. Mais c’est très différent que lorsque l’on a de nouvelles photos avec de nouveaux angles et où rien n’a été déjà pensé, où tout est possible. Ce travail, cette matière première me manque. Bientôt elle va reprendre et on va aller vers de nouvelles choses. Tout reste à venir.