
Focus Mini – Jessy Doudou Style Art
Jessy Doudou Style Art
Le monde merveilleux de Jessy

Quand vous entrez dans le monde de Jessy Doudou Style, vous êtes invité dans un univers poétique,
où le rêve et la magie se conjuguent au présent.
Les fresques de cette artiste semblent tout droit sorties de contes pour enfants, nous emplissant de douceur et
de naïveté juvénile, sentiments trop souvent délaissés par le monde adulte.
Parce que cette artiste haute en couleurs et en bonne humeur se démarque par une évidente sensibilité féminine,
je souhaitais vous offrir un autre regard sur le graffiti, un regard à la « Doudou style » en direct de la Martinique !
Être artiste, pour notre « peintre urbaine », c’est avant tout un état d’esprit, une façon de vivre.
C’est être « libre dans sa tête » afin de ne se poser aucune limite à la créativité pour susciter des émotions chez ceux qui contempleront son travail.
Doudou Style aime partager sa joie de vivre à travers ses peintures très colorées et dynamiques, véhiculant des messages toujours positifs.
Et l’objectif est parfaitement atteint !
Les fresques transpirent l’optimisme !
Son style, figuratif, peut se voir comme une vignette de Bande-Dessinée ou un livre pour enfant, avec une palette de couleur chatoyante.
Un animal totem, le panda, apparait comme un élément récurrent dans son travail. En clin d’œil le plus souvent, il s’offre à nous comme la marque de fabrique de Jessy Doudou Style, une signature.
Animal lui offrant de bonnes vibrations pour avancer, c’est aussi le symbole de ses débuts quand plus jeune, elle reproduisait des figures Mangas, perfectionnant son coup de crayon au fil de ses croquis.
Ne se reposant aucunement sur ses acquis, cette artiste autodidacte ne reste jamais sur un échec et approfondit ses connaissances en matière de dessin ou technique dès que nécessaire.
C’est pourquoi elle aime particulièrement échanger et collaborer avec d’autres artistes, travailler en collectif.
Depuis peu, avec plusieurs graffeurs, elle a créé une association, « Madapaint », permettant de répondre à des appels à projet. L’objectif : mettre en avant le street art en Martinique, l’ile étant demandeuse, voulant démocratiser ce domaine artistique déjà tant populaire !
Quand je demande à Jessy Doudou Style ce que lui procure le fait de peindre, je comprends très vite à quel point c’est un besoin.
En connexion parfaite avec le mur qui prend vie sous son œil créatif, c’est pour elle un véritable don de soi qu’elle offre à ce moment-là.
Donner aux gens la possibilité d’éprouver des émotions positives lui suffit donc à savoir que « sa place est là ».

1/ Quel fut votre parcours professionnel et artistique ? Ont-ils été liés tout au long de ton parcours ?
Je peins depuis que je suis toute petite, c’est ma passion. Mais j’ai commencé par faire des études de commerce puis en art appliqué qui m’ont permis de me remettre à niveau car je souhaitais faire les beaux-arts. Malheureusement je n’ai pas été acceptée, j’ai donc fait une licence d’arts plastiques par le CNED. J’ai pu développer mon réseau et commencer à avoir une clientèle, tout en apprenant mon métier et en me perfectionnant dans le graffiti.
2/ Expliquez-nous votre processus de création. Certains travaillent à l’instinct, au feeling ou selon leur émotion, d’autres font une multitude de croquis, d’essais graphiques et picturaux avant de se lancer, d’autres encore travaillent en musique… et vous ?!
Je vais m’inspirer de ce qu’il y a autour de moi, je vais faire également quelques croquis… la place de la musique dans mon travail artistique est une évidence, c’est une source d’inspiration, cela donne un peu la « vives » pour trouver les idées et créer. Je fais aussi pas mal de recherches sur internet pour trouver des images qui pourront me parler. Grâce à tout cela je peux donner vie aux murs ou à mes projets ! (Sourire)
3/ J’aimerais vous poser une question simple, mais finalement complexe. Selon vous, pourquoi vous considérez-vous comme une artiste ? Quelles sont les qualités qui font l’essence même d’un artiste ?
J’ai toujours dit qu’être artiste est un état d’esprit, c’est une façon de vivre. On se sent artiste à partir du moment où l’on crée, où l’on a envie d’échanger et de faire ressentir des émotions aux personnes qui regardent où écoutent ton travail. Quand je dis « c’est un état d’esprit », j’entends par là être libre dans sa tête et ne pas se fixer de limites, avoir une imagination débordante. La vie d’artiste c’est synonyme de partage, de rencontres, de voyages, d’envie de créer des émotions.
4/ Citez-moi 3 qualités chez vous qui se reflètent à travers votre travail artistique.
Il y en a plein des qualités ! Je plaisante (sourire). Alors si je dois en cibler trois, il y a en premier ma joie de vivre. Je pense que cela se transmet pas mal dans mes créations par les couleurs et le dynamisme. En deuxième mon côté positif. La plupart de mes fresques sont assez positives et poétiques, avec l’envie d’aller de l’avant. Elles donnent de bonnes ondes. Pour finir, mon côté rêveur dans le sens « imaginaire ». Je mets toujours un peu de poésie, de magie, comme si on était dans un conte. Je reste une grande enfant.
5/ Quel est votre meilleur souvenir artistique ? Et inversement racontez-nous une mésaventure.
Olala il y en a tellement ! Mais il y en a un qui ressort du lot, et je peux le ranger dans les deux cases, et que j’ai vécu avec une amie styliste et tatoueuse, Shou Vagabombe. On était invité à une exposition collective et on avait l’opportunité de créer une œuvre. J’ai donc eu la merveilleuse idée de créer un panda géant en 3D de trois mètres de haut, tout en fourrure. On avait donc trouvé des plaids en recyclage, des palettes, de la mousse etc. Ce projet a duré trois quatre mois, avec des prises de tête pour réussir à réaliser ce fameux panda ! Donc une aventure de dingue et un de mes plus beaux souvenirs ! Mais en même temps on a souffert, la réalisation fut très difficile… de plus l’exposition n’a pas vraiment eu lieu, on n’a pas pu être payées comme on voulait sur ce projet alors qu’on avait investi beaucoup de temps. Mais quel beau souvenir !
6/ Quelle est votre « claque » artistique ?!
Il y en a tellement ! Toutes ses fresques que tu peux voir dans le 13ème arrondissement sur des mètres et des mètres… Il y a le Louvres également où tu prends des claques à chaque fois ! Les portraits surréalistes de l’artiste Rooble. Ce qu’il fait est juste magique. Je pense que tu te prends des claques tous les jours en fait !
7/ Quels sont vos projets artistiques pour l’année 2021 ?
Durant cette année j’ai fait pas mal de projets. Actuellement j’habite en Martinique. On a beaucoup de partenariat avec les communes qui veulent des bannières qui valorisent et racontent les traditions et les cultures. J’ai également travaillé avec des écoles primaires par le biais d’une association. On a donc créé des contes avec les enfants, et de cela a découlé une fresque que j’ai réalisée. Il y avait eu en amont des ateliers afin de savoir ce qu’on allait mettre sur la fresque. J’ai donc pris toutes les idées des enfants pour les intégrer dans le résultat final. Un autre projet qui se déroule en septembre/octobre en collaboration avec VISA et l’office du tourisme de Saint Denis : la réalisation de bâches de dix mètres sur trente mètres de long pour le stade de France. L’objectif est de sensibiliser les jeunes pour les J.O 2024. On a donc travaillé avec une association de jeunes de quartier. C’est donc en exposition pendant un mois. Je devrais également partir au Togo avec une association pour participer à un festival de graffitis.
Un projet important, depuis 2021 on a créé avec des graffeurs de Martinique une association qui se nomme « MadaPaint ». Grâce à elle, on peut répondre à des appels à projet, on peut également travailler en collectif, on est très moteurs les uns pour les autres afin de mettre en avant le street art sur l’ïle. La population est très en demande, que ce soient les jeunes, les habitants, les mairies…
8/ Un rêve que vous souhaiteriez réaliser en tant que peintre ? (Collaborer avec une personne en particulier, exposer dans un endroit précis, travailler sur une thématique qui te tient à cœur…)
Mon rêve en tant que peintre serait de pouvoir partir en Chine et d’aller voir les pandas, de me poser dans le parc des pandas afin de les dessiner et de les rencontrer en vrai. Le panda est un peu mon animal totem et j’aimerais particulièrement réaliser une fresque dans un des parcs qui leur est dédié. C’est un rêve assez fou, mais ce serait cool !
9/ Comment qualifieriez-vous votre style ?
C’est un style pour tous, figuratif. On peut le voir comme si c’était une Bd ou un livre pour enfant, avec une palette de couleur assez colorée. Toujours optimiste, mais réaliste en même temps… Mais je préfère laisser les gens à leur sensibilité et apprécier mon art comme ils peuvent.
10/ Un élément récurrent dans votre travail est le panda : on le voit dans quasiment chacune de vos créations, soit de manière très subtile, soit de manière plus franche et marquée. Pourquoi ?
Le panda est un peu mon animal totem. Il est arrivé il y a 8-9 ans dans ma vie. A cette époque je n’étais pas forcément très bien, et en peignant un des pandas cela m’a tout de suite soulagé et réconforté. Il revient donc très souvent dans mes créations, et quand j’ai du mal à commencer je dessine toujours un petit panda. Comme s’il me donnait de bonnes vibrations et sa force pour avancer. Aujourd’hui c’est devenu ma marque de fabrique. Les gens me reconnaissent à cet animal qui apparait souvent en clin d’œil, histoire de montrer que je suis passée par là.
11/ Trouvez-vous vos inspirations dans les voyages ? Si oui, lesquels ?
Bien sûr ! Notamment l’Afrique du Sud. J’ai a-do-ré ! Il y avait beaucoup de couleurs. Dans leur tissu, j’aimais énormément leurs motifs. J’ai apprécié également New-York, le côté hip-hop. Sans oublier la Caraïbe, les îles. Mais finalement on prend ses inspirations au quotidien, quand on part faire ses courses, voir des potes, quand on va à la mer… Et puis c’est souvent le mood aussi !
12/ Vous semblez marquée par la culture Manga, non ?
Oui ! Quand j’ai commencé à peindre, j’étais autodidacte, je devais avoir une dizaine d’années, et j’aimais bien recopier tous les dessins des mangas et comics. J’aimais surtout dessiner des femmes parce qu’il y avait pas mal de formes et plein de perspectives et je me reconnaissais plus en elles. Je pense donc que cela m’a suivi dans mes traits de crayons et que cela est resté jusqu’à présent.
13/ Votre travail est très coloré et aspire à la bonne humeur, cela vient-il de votre île ?
Cela vient de mon île mais cela vient aussi de mon caractère. Aux Antilles, on aime faire la fête, on est très accueillants, on est joviaux… sur une île avec le soleil et la plage on est aussi forcément plus détendus.
14/ En tant que femme graffeuse, quels sont vos atouts dans ce monde à tendance plutôt masculine ? Comment pensez-vous vous démarquer ?
Je ne sais pas trop, peut-être la sensibilité. Les hommes et les femmes captent les choses différemment, les femmes peuvent donc amener un autre regard. Il y aura certainement plus de poésie, avec des fleurs ou des couleurs. En tant que femme, c’est prouver aux graffeurs qu’on peut travailler aussi bien qu’eux. Maintenant il y a de plus en plus de femmes qui sont dans ce milieu artistique et ça c’est cool. Je pense pouvoir me démarquer en travaillant, car cela me permet d’affiner mon style. Et puis le fait d’être une femme fait que naturellement tu te démarques dans ce milieu masculin. Discrimination positive ! Cela m’est souvent arrivé d’être choisie parce que j’étais une femme. Et de là une question me venait à l’esprit : me choisissent-ils parce que je suis une femme ou parce qu’ils aiment mon style ? Cela me vexait un peu au début et puis je me suis dit qu’il fallait le prendre positivement, que c’était l’occasion de montrer ce que les femmes pouvaient porter un message, avoir une qualité de travail et une sensibilité à mettre sur les murs.
15/ Quels plaisirs éprouvez-vous à peindre ?
Tu es dans ta bulle. C’est une connexion entre ton esprit, ta main, ta bombe et le mur. Je ressens des vibrations, j’ai souvent des frissons quand je peins ! Tu es créateur de quelque chose qui n’existe pas mais que tu imagines et retranscris sur le mur. C’est très satisfaisant. C’est un exutoire, cela permet de ne plus penser. Ce que j’aime aussi le plus dans la peinture, c’est de faire un don de moi, d’offrir aux gens la possibilité d’éprouver des émotions en regardant mon travail. C’est un véritable cadeau, ce partage. Je ne me vois pas du tout ne pas partager mes émotions. Je sais que ma place est là quand je vois que je fais du bien aux gens.
16/ Avez-vous déjà essayé d’autres domaines artistiques ?
Bien sûr ! J’ai déjà essayé le tatouage. J’ai tatoué pendant deux ans. J’ai fait également pas mal de danse état jeune. J’ai fait un peu de percussions, de chant, de sculpture… je pense qu’en tant qu’artiste on a envie d’essayer un peu tout et voguer sur tous les domaines artistiques. Le tout est de trouver celui avec lequel on se sent le plus à l’aise.
17/ / Aujourd’hui, pas mal de graffeurs se lancent dans le graff sur toile, afin d’exposer leur travail dans des galeries. T’arrive-t-il de peindre sur toile, et si oui dans quelles circonstances ?
Je travaille sur toile quand il y a des commandes, quand certaines personnes ne veulent pas une œuvre murale mais plutôt une qu’ils pourront déplacer et garder avec eux toute leur vie. Je peins aussi sur toile pour exposer en galerie ou par pur plaisir parce que le support de la toile est aussi intéressant à explorer. C’est une autre façon de dessiner, de peindre.
18/ Quelles parties de ton travail préfères-tu ?
C’est quand je peins, forcément, et surtout quand j’arrive presqu’à la fin. Le début j’aime bien parce que tu commences à mettre en place tes lignes, le dessin commence à prendre vie. Le milieu est la partie que j’affectionne le moins. La dernière étape, quand je mets les petites touches, les détails… où tu vois ta création prendre une dimension, une profondeur : c’est magique. Et la partie que je surkiffe est le moment où tu rends ton travail et que la personne a un sourire jusqu’aux oreilles ! A ce moment là tu es fière d’avoir effectué un travail bien fait ! (sourire)
19/ Vous semblez aimer travailler le portrait, pourquoi ?
Au départ, c’étaient des demandes de personnes. Cela m’a valu quelques mésaventures tout au début car ils n’étaient pas très ressemblants (oups !), mais puisque je suis tenace je me suis mise à travailler les portraits pour ne pas rester sur un échec. Je voulais palier ce manque de technique que je pouvais avoir à l’époque. Le portrait est aussi très intéressant pour faire passer des émotions. En ce moment je travaille beaucoup sur les portraits d’enfants car ils ont une imagination débordante et on peut faire passer énormément de choses à travers leurs yeux. Même les choses graves sous les yeux d’un enfant peuvent devenir « jolies » ou « poétiques ». Tu apportes donc un message plus joyeux, plus positif car peut-être plus naïf.
20/ Les personnages que vous mettez en scène dans vos peintures sont-ils le fruit de votre imagination ou avez-vous des modèles ?
Les deux. Les personnages qui sortent de mon imagination, généralement je les garde pour moi. Le plus souvent et maintenant ce sont des personnes de ma famille ou des gens que je rencontre. Parfois j’utilise les banques d’images du net en m’appropriant ensuite les personnages trouvés.
21/ Votre travail me fait énormément penser à des illustrations d’album pour enfant. Une collaboration avec un auteur vous tenterait-elle ?
Bien sûr ! Ce serait vraiment le top du top ! Je devais faire une collab’ avec un artiste avec qui j’avais un projet tout autour de cela, mais le COVID est arrivé, j’ai déménagé, puis le temps nous a manqué. Quoi qu’il en soit dans un futur proche j’aimerais vraiment faire un petit livre pour enfant. Cela me ferait plaisir de pouvoir leur transmettre mon imaginaire.
22/ Qu’est-ce qui vous plait dans le grand format ? Avez-vous déjà tenté le petit format ?
J’ai utilisé le petit format dès que j’ai commencé à peindre. J’ai ensuite également peint sur les vêtements avec l’idée de faire voyager l’art dans notre quotidien. Ensuite, le graffiti est arrivé et c’est à ce moment là que j’ai apprécié le grand format, car la gestuelle est plus ample, le dessin prend vie sur des formats énormes et je trouve cela impressionnant. Pour moi, le grand format est kiffant car tu vas d’un point à un autre, il y a également une dimension de défi. Tu rencontres ton mur. Je ne dirais pas que c’est moins minutieux, mais la gestuelle me plait davantage. Créer une œuvre d’envergure que tout le monde va voir me plait énormément car tu vas pouvoir transmettre ton message et faire circuler des émotions à grande échelle. Je pense qu’il faut tout de même être un peu sportif (sourire).
23/ Quelle est votre plus grande frustration (un travail inachevé ? qui n’a pas pu se faire ? un résultat qui n’aurait pas été à la hauteur de tes attentes ?)
J’étais partie lors d’un voyage, on avait que deux jours pour faire une fresque. Au moment où je commençais à prendre mon rythme de croisière pour ce projet, il fallait que je reprenne l’avion. Je n’ai pas pu terminer cette œuvre. Ce fut une énorme frustration.
Autre frustration, j’avoue, est de voir des expos collectives passer et de ne pas être invitée… Ce n’est pas être dans la jalousie à ce moment-là, mais tu es frustrée parce que tu aimerais aussi mettre ta petite touche personnelle. Mais je garde en tête que tout arrive quand il faut !
24/ La peinture dont vous êtes la plus fière ?
Je dirais un peu toute… Mais cette année c’est probablement une fresque que j’ai faite à Dillon, qui s’avère être la plus grande de Martinique. Un challenge sur cinq jours que j’ai adoré. C’était lors d’un évènement organisé par la Simar en collaboration avec la mairie de fort de France, ils avaient fait appel à six artistes de Martinique, j’ai donc été sélectionnée. C’était donc super de pouvoir représenter notre île. On a donc pu faire des formats énormes (9 par 7), avec nacelles. On peut voir les résultats de l’autoroute, et ce qui me rend encore plus fière c’est que c’est le portrait d’une petite cousine qui est adorable. Elle a accepté de poser pour moi et cela me fait très plaisir de lui avoir offert cela.
Galerie Photo
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