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Focus The One – Stephanie Cornfield

Stephanie CORNFIELD

Photographe « Nomadic Mirrors » rocks !

Talentueuse photographe au parcours atypique, Stephanie Cornfield, alias Nomadic Mirrors, est autodidacte : portraitiste renommée et sagace reporter documentaire.

De Paris à Los Angeles, Cannes, Venise ou Bombay, elle shoote aux quatre coins du monde pour nous offrir des photographies plus magiques et mystérieuses les unes que les autres.

Après « Nomadic Mirrors » et « Vagabond Souls », elle revient avec sa nouvelle exposition documentaire « Beyond The Imaginary Line » du 11.09 au 13.11. Courrez la voir le temps d’un aventureux week-end Berlinois !

 

Artiste Franco-Américaine, Stephanie Cornfield vit entre Bombay et Paris.

Sa famille paternelle, d’origine grecque russe et roumaine a vécu à Istanbul, Athènes, Berlin et Paris. Ils immigrent aux États-Unis et se font naturaliser. Son grand-père sera président de la FOX. Elle a plutôt grandi en Europe, a habité Londres mais s’est souvent rendue à Los Angeles où son père, réalisateur, s’y était installé quand elle avait 10 ans.

Désireuse d’être reporter de guerre, elle étudie les sciences politiques.

En suivant son petit ami de l’époque, lui-même reporter à CBS News, en pleine guerre du Golfe, elle comprend qu’elle ne fera pas ce métier.

La photographe fait ses débuts au magazine Best où elle tient une rubrique de la scène « underground », puis tire le portrait de rocks stars, rencontre Iggy Pop ou Tai Luc des LSD.

Elle arrête cette collaboration pour revenir à son amour premier : le cinéma. Photographe officielle pour le film d’Anne Fontaine « Police » avec Omar Sy et Virginie Efira, elle couvre aussi le Festival de Cannes et la Mostra de Venise pour le L A Times.

Portraitiste talentueuse, elle a shooté les plus grands : Matt Damon, Sofia Coppola, Kirk Douglas, David Lynch, David Cronenberg, Patrick Swayse, Larry Clark, Claudia Cardinale, Jack Nicholson…

Description Image

Depuis 9 ans, Stephanie s’est établie à Bombay la majeure partie l’année.

En Inde, elle a réalisé de fabuleuses photos documentaires sur les grands rassemblements religieux (120 millions de personnes), elle shoote à perdre haleine dans le brouillard, le froid, la nuit. Jugez par vous-même.

A Berlin, galerie Z22, elle présente son travail « Beyond the Imaginary Line ». Cette exposition se veut être une expérience photographique et humaine comme l’artiste l’a vécue.

Elle vous plonge dans une ambiance interactive avec une bande originale de sons indiens, spécialement conçue pour l’événement. Un mélange de fiction et de réel pour éveiller nos sens.

D’où venez-vous, où êtes-vous née et où avez-vous grandit ?

J’ai deux nationalités : je suis Française et Américaine. Mon grand-père s’était fait naturaliser Américain car ma famille paternelle, d’origine russes, roumains et grecs, avait immigré aux États-Unis. J’avais un père qui était réalisateur et mon grand-père était président de la Fox. Du côté de ma mère je suis d’origine Française et Italienne.

Moi j’ai grandi en Europe. Mon père est définitivement reparti aux États-Unis quand j’avais 10 ans. J’ai habité à Londres et depuis 9 ans j’habite à Mumbai, Bombay.

 

Racontez-nous comment l’envie de la photographie est née en vous…

J’ai commencé la photographie par accident. J’aurais souhaité être reporter de guerre, j’ai donc étudié les sciences politiques. J’ai eu un petit ami qui justement était reporter de guerre, il travaillait pour CBS News. Je l’ai rejoint notamment pendant la guerre du Golfe. J’ai vu de près ce que c’était et je me suis dit que je n’étais pas assez forte psychologiquement pour faire quelque chose comme ça.

J’étais de plus en plus attirée par l’art, je pensais intégrer une école de cinéma et finalement pour diverses raisons j’ai dû tout arrêter. Je ne savais pas trop quoi faire. Comme je faisais un peu de photo, je me suis dit « Tiens pourquoi pas ? » parce que je peux faire ça dès le lendemain. J’ai juste pris quelques cours mais je suis en fait assez autodidacte.

 

Pouvez-vous nous parler de vos débuts de votre carrière et nous expliquer les choix de votre parcours ?

J’ai fait les choses assez instinctivement. J’ai démarré avec des rubriques dans les magazines. C’était plus la scène Underground, c’était pas photographe de people. J’ai donc fait les nuits parisiennes, les nuits londoniennes, les nuits new-yorkaises. J’ai eu une proposition de travail pour un magazine de Rock : un magazine assez connu qui s’appelle Best mais qui n’existe plus. C’était le concurrent de Rock’n Folk. Grande époque ! (rire) C’est ce qui m’a permis de faire des rencontres très marquantes avec notamment Iggy Pop ou le chanteur de La Souris Déglinguée qui est devenu un de mes meilleurs amis.

Ensuite je suis retournée à mes amours originelles : le cinéma. Maintenant je fais de la photo de plateau et je suis surtout portraitiste. Je travaille pour le Los Angeles Times depuis 2006 avec qui j’ai une collaboration régulière. Je couvre notamment le Festival de Cannes pour eux.

J’ai travaillé dernièrement avec Anne Fontaine sur son avant dernier film Police avec Omar Sy et Virginie Effira. J’étais engagée pour faire ce que l’on appelle les « speciales », c’est-à-dire que j’ai été quelques nuits sur le tournage.

Depuis 9 ans que je suis en Inde, je fais également ces photos documentaires qui me tiennent vraiment à cœur.

 

Pourquoi avez-vous eu envie de vous orienter plus particulièrement vers le portrait ?

J’apprécie beaucoup cet exercice : c’est le rapport à l’autre, une aventure humaine, on crée une intimité. C’est ce qui me parait le plus intéressant et je suis assez à l’aise avec cet exercice. J’ai eu toute cette expérience quand je photographiais les groupes de rock. Je ne pense pas que ça m’aurait plu de photographier des natures mortes. Je trouve ça plus excitant, c’est assez gratifiant, c’est enrichissant humainement.

 

Comment appréhendez-vous le portrait d’une personnalité que vous allez shooter ?

Il y a un grand travail de préparation. La partie repérage est extrêmement importante. J’aime bien raconter une histoire, qu’il y ait une composition. Le lieu est aussi extrêmement important. Je travaille beaucoup avec l’instinct. Suivant la personnalité qui se trouve face à moi, je vais improviser. On pense à certaines choses et puis parfois il y a des surprises. Il faut laisser la part de spontanéité dans le travail, ne pas avoir quelque chose de trop rigide. C’est assez bien quand on arrive à provoquer un lâcher prise, quand la personne va finalement « se rendre à vous », qu’elle va s’abandonner. C’est le côté magique, l’instant qu’il faut saisir.

 

Dans vos photos, il y a à la fois une part de spontanéité qui se dégage et en même temps les couleurs, le mouvement, les lumières, tout semble tellement maitrisé, anticipé et travaillé. Comment l’expliquez-vous ?

C’est d’abord par les choix que je fais : faire mes photos au début de l’hiver quand il fait bien froid parce que je veux avoir ces atmosphères mystérieuses et énigmatiques. Il y a cette préparation, on ne sait pas trop, on avance comme ça un peu à tâtons et puis il y a de belles choses qui peuvent arriver. Il faut savoir les prendre pour garder cette part de spontanéité et qui est bien évidemment très importante, qui donne la profondeur dans les photos.

 

Quel public souhaitez-vous atteindre au travers de votre art ?

Je sais qu’il y a des gens à qui ça ne va pas forcément parler parce que moi je travaille avec des images qui ne sont pas forcément accessibles. Quand je fais mes photos documentaires c’est un travail dans les basses lumières, des photos qui sont assez sombres, peut-être trop sombres pour certaines personnes mais si on arrive à les sensibiliser c’est un point de gagné. Je pense qu’il faut rester assez fidèle, il ne faut pas non plus trop se préoccuper, il faut avoir une intégrité : qu’il y ait une cohérence dans son œuvre. Quand on a une vraie passion, une vision, alors les gens peuvent être sensibles, voir les choses dans leur globalité, qu’elles prennent un sens.

 

Quelle est votre définition de l’art ?

L’art est un moyen d’échapper à la vie ordinaire, de transcender la vie.

 

Comment et où vivez-vous actuellement ? Où travaillez-vous ?

Bonne question !!! (rire) Avec la pandémie, les choses sont devenues un petit peu compliquées. Normalement je suis une bonne partie de l’année en Inde mais là avec la pandémie j’ai dû rentrer. J’ai des projets professionnels, des amitiés etc… Je n’ai pas envie de laisser tomber tout de suite ma vie là-bas. En plus je suis en Inde mais très rapidement je suis à Dubai ou je suis à Bangkok. J’aime beaucoup le fait d’être en Asie mais j’apprécie aussi également de vivre en Europe.

 

Comment s’organise la journée d’un photographe ?

Moi je ne fais pas partie des photographes qui font des photos tous les jours. Je travaille de manière très concentrée : ça peut être sur un festival de cinéma comme là je reviens de Cannes, ça peut être sur un tournage ou lorsque je fais mes photos documentaires où je vais travailler à fond pendant 15 jours 3 semaines, plusieurs heures par jour. Il n’y a pas vraiment de règles.

Il y a toute la partie prise de vue mais aussi tout le travail de prospection : savoir taper aux portes, contacter les magazines, les journaux. Il y a la production et aussi tout le travail de post-production : travailler sa photo, repenser à son image de « photographe »,  sa présentation. Et il y a aussi les réseaux sociaux, ça devient un vrai travail parce qu’il faut qu’il y ait une harmonie et il y a plein de choses qui interviennent. Il y a les prises de vues mais il y a aussi tout l’envers du décor (rire).

 

Quels sont les artistes qui vous inspirent ?

Pina Bausch, qui était une grande chorégraphe, m’a fortement marquée. Il n’y a pas que moi qu’elle ait marqué, elle a inspiré David Bowie, Almodovar.

Le compositeur Sakamoto ; Won Kar-Wai bien sûr, mon préféré serait « nos années sauvages » ; Tony Gatlif avec son documentaire musical « Latcho drom » ; Kusturika avec « Le temps des gitans » ; Spike Lee « do the right thing”.

Caravage, Rambrandt, Francis Bacon, Egon Schiele, Modigliani… enfin voilà la liste est longue.

Comme le photographe le maître Cartier Bresson mais également son disciple Raghu Rai. Et j’ai eu la chance de le voir à l’œuvre lorsque je faisais des photos documentaires en Inde lors de ces grandes manifestations religieuses. Au petit matin je l’ai vu devant moi qui courait comme devant moi. A cette époque-là, il devait avoir 75 ans donc c’est très inspirant ! J’espère être comme lui à son âge avec cette même passion. C’était vraiment merveilleux de le voir comme ça.

 

Vous exposerez à Berlin du 11 septembre au 13 novembre 2021. L’exposition qui s’appelle « Beyond the Imaginary Line » . Pourquoi ces photos ?

C’est tout un travail que j’ai effectué en Inde depuis au moins une dizaine d’années. J’ai été très attirée par ces grandes manifestations de moments religieux, qui ont lieu tous les 12 ans, parce que visuellement c’est très fort. Je suis très heureuse parce que c’est un accomplissement, une reconnaissance. Je pense que c’est le travail de toute une vie. J’ai trouvé quelque chose qui me convient et qui me plait, qui me parle. Cette exposition arrive finalement et j’espère qu’elle va voyager. Le 11 septembre ! retenez la date !

 

L’atmosphère de ces photos y est lumineuse et en même temps très sombre, particulièrement mystérieuse. Que cherchiez-vous à provoquer comme émotion pendant les prises de vue ? Dans quel état d’esprit étiez-vous pendant ces créations ?

J’étais dans un état d’excitation intense certainement. Je travaille principalement la nuit pour cette atmosphère mystérieuse que je recherche.

Je cherche bien évidemment à me fondre par ma tenue vestimentaire et par mes actions. Pour la tenue vestimentaire : il fait très froid, je shoote en général l’hiver, je vais donc mettre une doudoune. C’est une tenue occidentale, alors par-dessus je vais mettre un grand châle pour justement leur ressembler. Je peux fumer avec eux alors que je ne fume pas du tout (rire). Ils boivent du thé, le fameux « chaï » que je trouve extrêmement sucré, je me force à le boire parce que c’est un moment de connexion avec eux et c’est très importante pour instaurer un climat de confiance. Lorsque je fais des photos, notamment à Bénarès, et que je suis dans des endroits comme les lieux de crémation, l’endroit est interdit aux photographes et surtout aux photographes étrangers mais il est totalement interdit aux femmes. Ils commencent à s’ouvrir mais pour eux les femmes sont de faibles créatures qui ne vont pas tenir le coup, qui vont se mettre à pleurer, qui vont être effondrées. L’inde est une société très patriarcale de toutes les façons. Avoir réussi à être là-bas en tant que photographe et en tant que femme photographe c’était vraiment très bien. Au départ, très souvent ils essayaient de me chasser et je parlementais. J’arrivais à les séduire et à la fin ils m’adoraient. Maintenant ils me téléphonent pour prendre de mes nouvelles, ils sont ravis à l’idée que je fasse une exposition. Quand je faisais des photos, je les prenais individuellement, je leur montrais les photos, je les faisais participer. Il y avait une connexion qui s’établissait et c’était vraiment très touchant.

 

Qu’est-ce qui rend votre art remarquable ?

Souvent les gens ont fait des commentaires sur mes photos en disant qu’elles leur faisaient penser à des peintures. Peut-être qu’il y a un aspect pictural. La matière de mes photos qui est très particulière. La texture, je travaille beaucoup dessus. Le fait que j’essaye à chaque fois d’avoir quelque chose de très onirique, qui dégage un mystère… et le mystère c’est ce qu’il y a de plus excitant.

D’ailleurs le titre de l’exposition ça évoque un petit peu ça, c’est « Beyond the imaginary line », ça laisse à penser.

 

 

Qu’est-ce qui fait qu’un shooting peut être réussi ? Avez-vous une recette magique à nous livrer ?

Que ce soit pour le portrait ou pour les photos documentaires, ça serait une photo qui raconte une histoire par la composition, par l’émotion ou par le mouvement. Il y a un grand retour à la photo en mouvement qui joue beaucoup sur la partie émotionnelle.

Quand on a un shooting réussi c’est qu’on arrive à avoir cette intimité, cette connexion avec la personne. C’est un partage, une grande joie quand on sait qu’on fait de belles choses et que ça provoque presque comme de la transe.

 

Je vous ai fait une sélection de 4 5 photos. Est-il possible de nous décrire comment vous les avez réalisées ?

La première photo avec le personnage qui a le dos tourné

C’est sur le lieu de crémation, avant la crémation quand il est plongé dans le Gange. Cette atmosphère un peu brumeuse donne du mystère à la scène : ce personnage qui apparaît très fort par son attitude m’a fascinée et c’est ce qui a provoqué le fait que je prenne la photo.

 

Deuxième sélection

C’était ce que j’appelle un « Biker Sadou » parce qu’on le voit à côté de la moto, c’est très drôle. J’aime bien son attitude que je trouve très rock‘n’roll avec le fait qu’on voit des fleurs. On a l’impression que le décor se détache complètement. Il y a une dimension qui est très originale et particulière, c’était un moment d’ivresse, de transe, de joie. J’espère que j’ai réussi à faire transparaître cette énergie toute particulière.

 

La troisième photo que j’avais sélectionné c’était celle concernant les funérailles

Cette photo-là est très forte, très particulière. C’est la photo d’une personne décédée. Lorsque j’ai pris cette photo, il y avait du brouillard et je pensais qu’il avait un voile sur le visage. C’est au moment de l’édition que j’ai découvert son visage. J’étais très émue de le découvrir et j’ai versé quelques larmes. Moi j’aime cette photo parce que je trouve qu’elle est assez controversée tout en étant respectueuse.

 

La photo suivante dans un autre registre c’était le portrait de David Lynch

J’ai eu le privilège d’aller chez lui à Los Angeles dans sa maison où il avait tourné « Lost Highway ». C’était vraiment une grande émotion de me retrouver là. Je n’ai pas choisi de faire des photos dans sa maison avec ses œuvres d’art mais juste à côté parce que j’ai vu des lignes qui m’intéressaient. Il m’a fait un cadeau, parce qu’à ce moment-là il m’a demandé, ordinairement c’est l’inverse, s’il pouvait fumer une cigarette. Il a fumé et m’a donné ce regard très intense qui fait que j’ai pu avoir cette photo si forte.

 

Est-ce que vous pourriez me parler de votre actualité

Je rentre tout juste de Cannes. J’ai couvert le festival pour le Los Angeles Times comme je le fais depuis 2006 où j’ai notamment photographié Mat’ Damon. C’était un grand moment, il est extrêmement sympathique. Je pense que je l’ai fait rire parce qu’au départ je l’ai pris en photo à travers une vitre et j’ai été le saluer en lui disant : « Dans la vie, il faut prendre des risques non ? » et ça l’a fait rire. On a démarré la session en lui disant que j’allais faire des choses un peu plus classiques.

J’ai mon exposition à Berlin qui s’appelle « Beyoung the imaginary Line » qui va durer pendant plusieurs semaines. C’est sur le travail que j’ai effectué en Inde, ces photos documentaires sur les grands rassemblements religieux mais aussi à Bénarès à Allahabad. J’ai fait des photos à Haridwar également. Là je vais partir prochainement pour m’occuper de faire les tirages. J’aimerais créer une bande-son avec des sons originaux de là-bas. Des sons notamment du Puja : c’est le rituel de la prière, des sons de clochettes, des sons un peu de transe qu’on entend quand on fait ces rassemblements. C’est une marche un peu mystique et j’aimerais créer une espèce de communion avec les personnes qui vont me rendre visite, qui vont venir voir l’exposition pour qu’il y ait une immersion. Je pense que c’est intéressant pour faire ressentir au plus près cette expérience photographique et humaine que j’ai vécue.

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Nom : Stephanie Cornfield

Linkedin : Stephanie Cornfield

Insta : @nomadic_mirrors

Twitter : @SCornfield

Web (actualité) : https://www.galerie-z22.com



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