
Focus The One – Albert Malka
Albert MALKA
Orfèvre éco couturier

Créateur de mode axé sur le recyclage et la création de modèles uniques, Albert Malka a été bercé par la couture dès l’enfance. Autodidacte, il a travaillé pour de grandes enseignes du prêt-à-porter.
Il a beaucoup appris mais ne se sentait pas à sa place par rapport à sa conception de la couture. C’est ainsi que depuis quelques années qu’Albert Malka travaille sur mesure et sous peu dans le prêt-à-porter de luxe avec son entreprise EVDEL où le recyclage et l’upcycling sont les maîtres mots.
Avec un père maître tailleur, une marraine créatrice de mode, Albert Malka a été bercé par le doux bruit des ciseaux sur la table en bois séparant délicatement mais assurément les fibres des différentes étoffes.
C’est un amoureux des matières nobles et des fibres naturelles comme la soie, la dentelle ou le coton qu’il affectionne tout particulièrement.
Il sait précisément, par son expertise, quel va être le tomber de chacun des tissus.
Ayant beaucoup travaillé dans le prêt-à-porter pour de grandes firmes, la conception d’un vêtement qui limite les risques financiers n’a plus de secret pour lui.
Cependant, ce monde de rentabilité perpétuelle et omniprésente ne répondant pas à sa conception et son modèle de couturier, il quitte les grandes entreprises pour rejoindre un concept de création qu’il utilise depuis déjà bien longtemps : l’éco conception et crée sa propre société EVDEL.
Il achète des fins de séries ou des surplus de matières nobles destinées à la haute couture ou aux créateurs pour les utiliser sur des collections capsules permettant ainsi à ces tissus de ne pas tomber aux oubliettes mais bien dans les armoires et mieux encore portés par sa clientèle.

Depuis quelques années, il crée sur mesure des robes de mariées et d’exception. Il réalise le rêve de ses clientes en harmonisant personnalité, envies, désirs… Il conçoit aussi des collections personnalisées en fonction des besoins de sa clientèle et de leurs garde-robes, saison après saison.
Du vêtement de pluie à celui de soirée, Albert Malka passe les vestiaires en revue quand il s’agit de répondre aux envies et aux besoins du moment.
Pour créer, Albert Malka utilise des accessoires, s’inspire de photos de mode ou de famille, puise dans les tissus, les objets et leur histoire.
Cette richesse le sert en vue du moment de création, lorsque d’un coup de maître, par un coup de crayon, il donnera naissance au dessin de mode qui lui-même, de moulage en patron, deviendra un vêtement…
Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir créateur de mode ?
J’ai grandi dans un environnement de mode puisque j’ai eu un père maitre tailleur et une marraine qui était créatrice de mode. J’ai été entouré de tissus, de créations, de magazines de mode. J’ai découvert à ce moment-là différents créateurs et couturiers comme Saint Laurent, Dior, Jeanne Lanvin… Tous ces créateurs de mode m’ont donné envie d’accéder à ce métier.
Avec la beauté des tissus, la beauté visuelle des photos, je me suis imaginé un monde propre à moi et j’ai créé ma première robe à l’âge de13 ans.
Quelles études avez-vous faites ?
Mon premier apprentissage a été auprès de ma marraine qui m’a appris toutes les techniques de couture ; de mon père dont je garde de merveilleux souvenirs comme celui du bruit du ciseau sur la table en bois ou le moulage sur les mannequins. Ensuite j’ai fait une école de couture de « toiliste-modéliste ». Le reste de mon apprentissage je l’ai fait au sein des entreprises mais de manière autodidacte je suis devenu créateur.
Quelles sont les étapes de création d’un vêtement ?
Les étapes de création d’un vêtement démarrent dans un travail de recherche. Recherche textile : une rencontre, un toucher par rapport à une matière, des idées qui se mélangent par rapport à des archives, à des choses que j’ai déjà vues. C’est une inspiration un peu comme le happening en peinture. Je mets tous les éléments devant moi que ce soit des accessoires, des tissus, des photos d’archives ou des photos de famille… Je fais plusieurs croquis jusqu’à aboutir à la réalisation de ce que je veux faire exactement. Par mon expérience, je sais ce que va rendre un tissu. Je peux donc anticiper la réalisation technique par rapport aux difficultés que je vais rencontrer avec un tissu. En réalité quand je commence à dessiner je pense au tissu que j’ai choisi et je me projette sur le produit final par rapport aux choix que je vais faire en fonction des matières et la manière la plus adaptée devient une évidence pour moi. Je choisis mon tissu ainsi, tout comme les accessoires ou la valeur ajoutée que je vais apporter au produit final : la broderie, du perlage…
Étant donné que j’ai travaillé dans de grosses entreprises de prêt-à-porter, j’ai appris beaucoup. C’était moi une des meilleures écoles pour calculer les risques par rapport à un vêtement : calculer son coût, calculer les difficultés pour réaliser le vêtement avec le plus de sécurité possible.
Créez-vous des tenues pour des commandes de clients ?
J’ai une clientèle habituelle. J’ai des personnes que j’habille toute l’année et pour lesquelles je crée des collections hiver et été. J’analyse avec elles leur garde-robe, leurs besoins et j’habille mes clientes tout au long de l’année. Ce sont des collections privées en revisitant tout leur vestiaire, c’est -à-dire vêtements de pluie, de travail, de cocktails, de soirées pour qu’elles n’aient aucun manque tout au long de la saison.
J’ai des commandes, puisque je travaille avec des clients particuliers, pour réaliser des robes de mariée, de soirée. Pour les robes de mariée c’est une rencontre avec une personne. Nous définissons ses choix, ses envies, ses désirs, ses goûts auxquels on essaye de s’adapter : on apporte des conseils. Le lieu du mariage est aussi très important pour que tout soit harmonieux. On travaille en collaboration avec une équipe : photographe, fleuriste… La robe est conçue en fonction de tous ces éléments. On apporte une touche, on étudie même le carton d’invitation pour que tout colle à la personne et que le résultat soit le rêve de toute femme qui va se marier.
Y a-t-il un élément que l’on retrouve dans votre travail en guise de signature ?
Je n’arrive pas à définir quel est l’élément que j’apporte comme signature à chaque vêtement. Mais sachant que je pratique ce métier depuis des années, j’ai le retour de mes clients, qu’ils soient des employeurs de marque quelconque ou que ce soit des clients privés. On me dit que l’on reconnait mes vêtements à mon style. Ce qui se retrouve dans mes vêtements et ce que j’étudie le plus c’est la coupe. Il n’y a pas un détail précis que je vais amener sur chaque vêtement, ça vient par inspiration.
Vous proposez des vêtements de prêt-à-porter et de couture upcycling avec la marque EVDEL. Quels sont leurs particularités ?
La particularité du vêtement EVDEL date depuis mes débuts dans la mode. J’avais l’habitude de créer des collections. A la fin j’allais chercher les stocks restants pour réaliser des collections capsules. Aujourd’hui c’est devenu un mouvement de mode de recycler les tissus. Moi je pratique ça depuis de nombreuses années. J’ai toujours réalisé mes vêtements avec des tissus achetés chez des fournisseurs qui ont des fins de série de couturiers. Étant donné que j’utilise des matières nobles la plupart du temps, que ce soit de la soie ou du cachemire, il n’y a pas de différence de saison en saison. Ce sont des matières qui restent d’actualité, qui sont indémodables, intemporelles.
Pouvez-vous nous parler des robes de soirée ?
Je crée des robes de soirée à l’inspiration, comme ça me vient, avec les envies, les tissus que j’ai à portée de main ou que je choisis. En général, ce sont des soies naturelles, des dentelles ou des tissus assez nobles. Des tissus qui sont issus de la haute couture. Ensuite je crée des collections pour des personnes privées, pour des mariages, pour des soirées d’événementiel, des vêtements qui sont réalisés et adaptés par rapport à une clientèle qui a une demande précise.
Quand et comment se passe la présentation d’une collection ?
En dehors des commandes que j’ai pour mes clients privés, je crée des collections de robes du soir, de robes de mariée et de prêt-à-porter habillé afin de les présenter à mes clients. J’organise des soirées privées pour montrer ce que je fais par rapport aussi aux tendances.
Quelles sont les matières que vous préférez travailler et celles que vous affectionnez le moins et pourquoi ?
Les matières que j’aime travailler sont principalement la soie, la dentelle que j’aime rebroder ou perler. J’aime les produits sur lesquels je peux amener de la valeur ajoutée, qui réédités montrent le savoir-faire manuel de ce que l’on peut faire dans l’artisanat pur. J’aime aussi le cachemire pour l’hiver. Ce que j’affectionne le moins c’est le polyester : je n’aime absolument pas travailler les matières synthétiques. Je n’aime pas le contact, le toucher. Il m’arrive très souvent d’avoir des coups de cœurs avec des matières par rapport au toucher et au visuel. Le mouvement du tissu dans la soie est tellement particulier que j’ai du mal à travailler avec les matières synthétiques même si aujourd’hui techniquement, on peut avoir un excellent rendu avec des polyesters ou d’autres matières synthétiques mais je préfère les matières nobles.
Travaillez-vous seul ou avez-vous une équipe pour réaliser toutes les étapes de création ?
Je travaille au départ seul pour tout ce qui est création, recherche des matières, recherche d’accessoires. J’ai des équipes qui sont adaptées à chaque création. Par exemple une équipe de premières mains qui réalisent des vêtements. La première toile c’est moi qui la fais, je la conçois par rapport à l’idée que je me fais. Je réalise un moulage sur le mannequin ce qui me permet d’essayer le vêtement sur un client pour voir le rendu, pour savoir si le choix a été bon et auquel cas s’il faut le changer. Avant d’arriver à la réalisation du vêtement sur tissu définitif il y a au moins deux à trois essayages sur une toile : pour le tomber, pour savoir ce qui convient le mieux par rapport à la coupe sur le corps de la personne. Ensuite je travaille avec des équipes pour tout ce qui est broderies et assemblage du vêtement.
Avez-vous des nouveaux projets à venir ?
Je travaille depuis quelques années sur des créations de vêtements de cuir et de robes de mariée. J’ai travaillé pour de nombreuses marques de vêtements dans le prêt-à-porter et depuis peu de temps j’en ai lancé une qui s’appelle EVDEL qui est une marque de vêtements en séries limitées et de modèles uniques. Chaque pièce peut être créée selon l’inspiration mais il n’existe qu’une seule pièce dans une seule taille.
Comment imaginez-vous votre art, en tant que créateur, dans quelques années ?
Aujourd’hui il y a une prise de conscience par un grand nombre de personnes sur la diffusion de masse du vêtement et le fait de vouloir se démarquer par rapport à d’autres personnes : de s’habiller différemment, de ne pas avoir des produits que l’on va acheter sur des chaines de magasins où l’on va être cinquante personnes à porter la même chose. Je trouve que pour de nombreux créateurs c’est une chance par rapport à la création de pouvoir proposer à cette clientèle nouvelle, qui est à l’affût de modèles originaux, différents modèles, voire uniques. L’avenir se trouve là. Toucher cette nouvelle clientèle et leur apporter quelque chose qu’ils ne retrouveront par ailleurs.
Pouvez-vous nous donner votre définition du « créateur » ?
Je pense que la définition de l’art d’être un créateur c’est quelque chose qui est inné et inhérent à l’éducation d’une personne : à la sensibilité, la création, à ce qu’il aime imaginer.
Je suis un peu sensible à la définition du mot créateur, par rapport à ces dernières années, ce que l’on véhicule dans certaines émissions de télévision sur le regard du « fashion faux pas ». Je pense qu’on ne peut pas dire de quelqu’un qu’il est mal habillé, moche ; qu’il ne faut pas mettre tel vêtement ou le mélanger avec tel autre couleur ou coupe. Être créateur d’un vêtement c’est particulier, on aime ce que l’on fait. D’un créateur à l’autre il y a un style différent, il y a une mode différente. Aujourd’hui il y a de plus en plus de créateurs et ils ont chacun leur style. On ne peut pas dire d’un créateur ou d’une personne : « vous êtes mal habillé », « vous êtes moche », « on ne s’habille pas comme ça », « c’est de mauvais goût ». Qui peut juger ce qui est de bon goût ou de mauvais goût ? C’est quelque chose de très personnel.
Galerie Photo
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Nom : Albert Malka
WEB: https://evdelparis.com
Insta : @albertmalkacouture
Mail : abrama@protonmail.com